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Les déchirures cutanées chez les personnes âgées
« Une déchirure cutanée est une lésion traumatique occasionnée par des
phénomènes mécaniques, y compris le retrait d’un pansement adhésif.
La gravité peut varier en fonction de la profondeur (ne s’étendant pas au-delà de
la couche sous-cutanée). »
(Définition ISTAP : International Tear Skin Advisory Panel / comité consultatif international sur les déchirures cutanées. Wounds international 2018)
En l’absence de facteur local ou général pouvant retarder la cicatrisation, les déchirures cutanées sont des plaies aiguës qui cicatrisent en moins de 4 semaines. Elles sont sous-estimées et mal diagnostiquées. Perçues comme des lésions insignifiantes et mal signalées, ces plaies ont ainsi tendance à se chroniciser. D’où l’importance de leur évaluation et de leur reconnaissance.
L’ISTAP recommande d’identifier les déchirures cutanées comme une étiologie unique et complexe de plaie. Elles sont distinctes des autres plaies et se classent de façon à les prendre en charge de manière optimale. Lors du consensus international de 2018, l’ISTAP a proposé la classification ci-dessous :
Comment ces lésions surviennent-elles ?
L’incidence des déchirures cutanées est en augmentation du fait du vieillissement de la population. Elles sont ainsi fréquentes chez les personnes dont la peau est âgée et fragile.
Le principal facteur de risque est la dermatoporose (pathologie décrite en 2007 par Mr Jean Hilaire Saurat, dermatologue). C’est une maladie de la peau liée au vieillissement cutané provoquant une fragilité cutanée extrême avec atrophie. Elle est aggravée par l’exposition solaire et l’utilisation prolongée de corticostéroïdes. Cette fragilité rend la peau plus vulnérable aux agressions extérieures.
La dermatoporose peut entrainer une peau très fine, un purpura, une pseudo-cicatrice blanchâtre, des dépôts jaunâtres, une mauvaise cicatrisation, des hématomes. Chez les patients à risque, les causes de déchirures cutanées sont diverses : cisaillement, friction, traumatisme (chute, manipulation, lésion provoquée par un équipement ou le retrait d’un pansement adhésif…).
Prévenir ces déchirures cutanées est essentiel
La détection des personnes à risque est donc un élément essentiel de la prévention. L’évaluation du risque des déchirures cutanées est à faire dès l’admission dans un service ou à la première prise en charge à domicile.
De plus, la prévention passe aussi par la limitation des risques extrinsèques. Pour les soignants :
- Avoir les ongles coupés courts et ne pas porter de bijoux ; rembourrer et/ou retirer tout meuble ou dispositif pouvant être dangereux .
- Couvrir la peau avec des vêtements adéquats, protège-tibias ou jersey tubulaire
- Protéger l’intégrité globale de la peau avec des émollients (selon une étude en 2014, l’application 2 fois par jour d’un émollient réduit l’incidence des déchirures cutanées de 50%).
La prise en charge des déchirures cutanées
La prise en charge doit être précoce pour que la cicatrisation soit efficace. Elle aura pour objectifs de préserver le lambeau de peau, de conserver le tissu de la peau péri-lésionnelle, de rapprocher les berges de la plaie et de limiter le risque d’infection et d’apparition d’autres plaies. Deux cas de figure se présentent selon l’état du lambeau. Si ce dernier est nécrotique, il sera nécessaire de le débrider en préservant les tissus sains autour. Si le lambeau est viable, il sera utilisé comme « pansement » en le repositionnant délicatement.
L’arbre décisionnel ci-dessous est proposé par l’ISTAP, pour la prise en charge globale des déchirures cutanées :
Le pansement à mettre en place dépendra du stade de la plaie.
Dans un premier temps, l’utilisation de pansement d’alginate de calcium (ex : ALGOSTERIL®) permettra le contrôle des saignements, puis idéalement mise en place d’une interface (ex : URGOTUL®), ou hydrocellulaire siliconé mince (ex : MEPILEX EM®).
Enfin, si la plaie présente des exsudats plus importants, il faudra utiliser des hydrocellulaires à absorption importante (ex : DRYMAX FOAM LITE®).
Les pansements à éviter
- Les pansements « border », privilégier les bandes ou jersey tubulaire pour maintenir le pansement.
- Les pansements à base d’iode (ex : BETADINE TULLE®) qui assèchent la plaie et la peau péri-lésionnelle et donc entrainent un risque accru de déchirures cutanées.
- Les pansements hydrocolloïdes (ex : COMFEEL® transparent) qui contiennent un composant fortement adhésif qui pourrait favoriser les déchirures cutanées.
- Le tulle gras (ex : JELONET ®) qui sèche très vite.
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